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CAMPAGNE DE RECRUTEMENT DU CNRS 2014/2015

Egalité professionnelle, Masculinités, Sciences
Collège, Lycée

Questions, éléments d'analyse

C’est une publicité pour quoi ?

C'est une campagne de recrutement pour le CNRS (Centre national de la recherche scientifique).

Quelles personnes sont visées ?

Les chercheuses et les chercheurs.

Décrire l’image

Il y a deux images de grandeur similaire, séparées par un axe vertical.

À gauche

Un homme blanc, cadré en plan rapproché poitrine, portant une chemise blanche, regarde le ciel, les astres, derrière des panneaux vitrés.
Il est tourné vers sa droite (et la nôtre).

Il regarde, il n'est pas en action, aucun élément lié à son domaine de recherche n'apparait à l'image.

À droite

Une femme blanche, en gros plan, yeux clairs, cheveux châtains et lisses, main gantée de plastique turquoise, regarde un tube à moitié rempli de liquide vert.
Elle est tournée vers nous.

Aucune indication de son laboratoire, des appareils présents par exemple.

Interpréter la direction des regards.

Homme

Il regarde vers l’extérieur, le ciel, l’univers, la galaxie, l’infiniment grand
Vers la droite = le futur

Femme

Elle baisse légèrement les yeux, elle regarde vers l’intérieur, en direction d’un petit flacon, l’infiniment petit. Son visage est tourné vers nous.
 

Imaginer l'endroit où se trouvent les personnages.

Homme

Dans un centre d’astrophysique, d'astronomie, un observatoire, etc.

Femme

Dans un laboratoire.
 

Déduire des images dans quel domaine chacun des personnages est spécialisé.

Homme

Astronomie, astrophysique, physique, mathématiques, sciences…,

Femme

Recherche scientifique, biologie, chimie…,
 

Quelles compétences, quelles qualités associe-t-on à chacun de ces domaines ? 

Homme

Scientifique, curieux, savant, conquérant.

Femme

Scientifique, minutieuse, précautionneuse, attentive.

Quel semble être le statut de chacun des personnages ?

Homme

Chef, directeur, poste à responsabilité. Il fait les découvertes.

Femme

Exécutante, laborantine. Elle analyse les découvertes.

Analyser cette image et faire ressortir tous les stéréotypes femmes/hommes qui s'en dégagent. 

Si l’annonce peut paraître neutre, l’image illustre de façon très concrète les territoires réservés à chaque sexe en fonction de sa « nature » et de ses qualités pré-supposées (stéréotypes).

Ainsi, la biologie et la recherche médicale sont des domaines où le taux de femmes ingénieures et techniciennes est plus élevé, *; sans doute parce que le lien avec la nature, la connaissance des mécanismes liés à la vie sont considérés comme typiquement féminins ?

Cette croyance est en effet très partagée : parce qu'elle peut porter des enfants, la femme devient naturellement spécialiste de la vie, du vivant.
L'homme, dégagé de ce type de responsabilité, peut se consacrer à la conquête et l’exploration (de la terre, du système solaire).

Les notions d'intérieur et d'extérieur

L'intérieur est l'espace supposé naturel du féminin (la maison, le foyer, la famille… ) et l’extérieur, celui au masculin (conquête, découverte, aventures…).

C'est une vision réductrice et conservatrice pourtant très vivace : on la retrouve dans de nombreuses publicités et aussi par exemple dans les livres pour enfants : papa ours travaille, maman ours prépare à manger, ainsi que dans la répartition des tâches ménagères, où les hommes vont plus volontiers sortir les poubelles ou s'occuper du jardin que ranger le linge ou nettoyer la salle de bain.

L'intérieur évoque aussi l'intériorité et l'introversion quand l'extérieur évoque la capacité à extérioriser.

On attend d'une petite fille qu'elle soit sage, on accepte d'un petit garçon qu'il soit remuant.

Cadrages

Le gros plan attire l’attention sur le visage de la jeune femme : elle a des yeux clairs, son visage est joli, ce à quoi elle s'intéresse est minuscule.

Au contraire, c'est plus l’attitude de l’homme qui est mise en valeur, son regard, l’attention qu’il porte au ciel qui occupe lui beaucoup d’espace (le champ de ses recherches à lui est immense).
 

Pourquoi montrer le visage de la jeune femme de face (et pas de profil par
exemple) ?

Ce gros plan sur la jeune femme semble vouloir nous rassurer, et surtout rassurer les futures chercheuses sur la compatibilité sciences/"féminité", le stéréotype de la scientifique austère, voire revêche étant encore actif.
 

Conclusion

Comme dans le cas de la campagne de recrutement de l'Éducation nationale (voir dans les PROLONGEMENTS) des stéréotypes liés à des champs de compétence supposés réservés à l'un et l'autre sexe sont à l'œuvre.

Ceux-ci impactent directement les choix d'orientation des filles et des garçons qui ont intériorisé la croyance que tel ou tel domaine leur conviendra mieux du fait de leur sexe et non du fait de leur préférence et de leur compétence.

Notons qu'à nouveau les deux modèles choisis sont le reflet d'une norme rassurante et non celui de notre société multiculturelle.

Compléments

... La réforme du lycée n’a, en la matière, pas changé les mentalités. En 2020, les filles représentaient seulement 13 % des élèves de terminale dans la spécialité « numérique et sciences informatiques », contre 80 % en « humanités, littérature et philo »...

... En réalité, ce ne sont pas les maths qui sont boudées. Les lycéennes représentent quasiment la moitié des effectifs en première, même si la moitié d’entre elles abandonnent la spécialité en terminale contre 30 % des garçons. Le vrai clivage concerne le numérique et les sciences informatiques (18 % de filles en première) et les sciences de l’ingénieur (15,4 %). La voie technologique n’échappe pas non plus à ce biais : on compte 85,4 % de filles en ST2S (santé et social) mais 7,9 % en STI2D (industrie et développement durable).

Et cela ne s’améliore pas après le bac. Les étudiantes, qui représentent 56 % de l’effectif total, constituent l’essentiel des troupes dans les formations paramédicales et sociales (84 %), en fac de langues, de lettres et de sciences humaines (70 %), mais restent minoritaires dans les formations d’ingénieur (28 %). « Et encore, dans ce cas, précise la rectrice, elles optent souvent pour l’agroalimentaire et les sciences de la vie plutôt que l’industrie et les sciences dures. »...

... « Les élèves pensent choisir librement, mais en réalité 60 à 70 % d’entre eux sont influencés par des stéréotypes, explique Pascal Huguet, le chercheur du CNRS qui a dirigé l’étude.Pour faire simple : les filles estiment leur probabilité de réussite bien plus forte dans les disciplines littéraires que scientifiques et cette estimation pèse sur leur confiance en elles et leur choix....
https://www.lejdd.fr/Societe/Education/info-jdd-les-lyceennes-ne-representent-que-13-des-eleves-en-specialite-numerique-contre-80-en-lettres-4067257

* : 70,9 % de femmes ingénieures et techniciennes en biologie et recherche médicale à comparer par exemple aux 2,7 % de femmes ingénieures et techniciennes en électronique et électrotechnique, environ 30% pour les ingénieures en astrophysique. Le déséquilibre existe aussi, mais de façon moins marquée, dans d’autres filières comme les écoles de chimie. A la Fédération Gay-Lussac, qui regroupe une vingtaine de ces établissements, on observe que les jeunes filles sont majoritaires avant tout dans les formations dévolues à la chimie organique et analytique, beaucoup moins dans le génie chimique et les technologies.

http://www.lemonde.fr/campus/article/2017/01/13/ces-filieres-d-etudes-superieures-qui-s-ouvrent-aux-garcons_5062121_4401467.html


Seulement 8 % de filles ont été admises en filière scientifique à l’École normale supérieure (ENS) en 2013, alors qu’elles représentaient 45,6 % des candidats au bac S la même année et avaient mieux réussi que les garçons.
http://www.lemonde.fr/campus/article/2015/11/13/normale-sup-veut-inciter-les-filles-a-oser-les-carrieres-scientifiques_4808720_4401467.html


Pourtant, au lycée, il y en avait, des filles, en terminale scientifique, filière où la parité est quasiment atteinte. Pourtant, dans les classes préparatoires physique et technologie (PT) ou dans le secteur des sciences et technologies de l’information et de la communication (STIC), les étudiantes font volte-face. Elles poursuivent massivement leurs études à la faculté de médecine, dans les filières agroalimentaires, en chimie ou en biologie. Et les chiffres sont sans appel : en 2015, elles n’étaient que 25,6 % admises à CentraleSupélec, 15 % à Polytechnique et 14 % aux Arts et métiers.
http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/07/04/ecoles-d-ingenieurs-etudier-dans-un-monde-presque-sans-femmes_4963370_4401467.html

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