SARAH (court-métrage)

Corps, Harcèlement/ Cybersexisme, Relations affectives, Sexualités, Violences
Collège, Lycée

Sarah est un film d'atelier tourné au lycée Maurice Ravel à Paris en 2015.

Générique du film :

Sarah : Elya Ruben

Valentin : Adam Ollivier

Scénario Mathilde Vastra, Marilou Maury

Cinématrice : Pascale Diez

Financeurs : Région Ile-de-France, Association Boléro

Atelier cinéma Créteil, avril 2015
 

Intention pédagogique

Prendre conscience du cybersexisme, de ses mécanismes et de ses conséquences.
 

Pistes d'exploitation

Regarder le film séquence par séquence et utiliser tout ou partie des questions qui sont proposées dans la partie ANNOTATION.

L'ANALYSE ci-dessous en reprend les principaux éléments. Chercher notamment comment le cours du film pourrait-être changé si certain(e)s élèves prenaient parti pour Sarah.
La projection du film peut donner lieu à un débat en classe.

Dans la partie PROLONGEMENTS, vous trouverez des propositions pédagogiques complémentaires ainsi que des ressources documentaires.

Introduction

Définitions

(source : Centre Hubertine Auclert. Centre francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes)

Cybersexisme 

Des faits qui font violence aux individus, se déploient à travers le cyberespace, contaminent l’espace présentiel ou réciproquement et qui visent à réitérer les normes de genre ciblant distinctement garçons et filles ; bref, à mettre ou à remettre chacune et chacun à la "place" qui lui est assignée dans le système.

Cyberharcèlement 

Acte agressif, intentionnel, perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électronique (courriels, SMS, réseaux sociaux, jeux en ligne, etc.), de façon répétée à l’encontre d’une victime. Ces actes de violences psychologiques peuvent prendre des formes variées : insultes, dénigrement, propagation de rumeurs, menaces en ligne, etc.

Quelques chiffres (2016)

(source : Centre Hubertine Auclert)
 

  • 20% des filles (13% pour les garçons) rapportent avoir été insultées en ligne sur leur apparence physique (poids, taille ou de toute autre particularité physique).
  • 17% des filles (et 11% des garçons) déclarent avoir été confrontées à des cyberviolences à caractère sexuel par le biais de photos, vidéos ou textos envoyées sous la contrainte et/ou diffusées sans l’accord et/ou reçues sans en avoir envie. Cela concerne ainsi près de 3 filles et 2 garçons dans chaque classe.
  • Aujourd’hui, la sociabilité des adolescents et adolescentes passe par la mise en scène et l’exposition de soi, notamment via les réseaux sociaux. À travers la diffusion virale de selfies dénudés, les garçons gagnent en popularité, et les filles sont jugées de manière négative et insultées.


Introduction

Pourquoi travailler sur le harcèlement ?

 En Ile-de-France, une lycéenne sur quatre déclare avoir été victime d’humiliations et de harcèlement en ligne, notamment concernant son apparence physique ou son comportement sexuel ou amoureux (source : Centre Hubertine Auclert)

Si le harcèlement, notamment en milieu scolaire, a malheureusement toujours existé, les nouvelles technologies lui donnent un impact démultiplié : d’un seul clic, souvent de façon anonyme, une photo, un tweet sont partagés par des centaines, parfois des milliers de personnes. Le harcèlement ne s’arrête pas au collège ou au lycée, il continue 24h sur 24, s’amplifiant à l’infini. Parfois à l’initiative d’une personne qui cherche à accroître sa popularité, parfois fruit d’une vengeance ou d’une rivalité, parfois relayé sans vraiment y penser par des camarades qui trouvent ça « drôle » celui ou celle qui en fait l’objet est moqué (e), ridiculisé(e), ostracisé(e), rejeté(e), harcelé(e)…

Il ou elle est seul(e) face un groupe et souvent  il.elle a honte, se sent coupable.

Beaucoup d’élèves ont été harcelés ou ont eux-mêmes participé à un acte de harcèlement, souvent sans vraiment en mesurer les conséquences, parfois seulement en restant silencieux. L’excuse du « c’est pour rigoler » sert d’alibi à ceux qui refusent de voir la gravité de leurs actes.

Les filles comme les garçons en sont l’objet : un détail physique (couleur des cheveux, forme du nez ou des oreilles, poids…) une attitude jugée comme non conforme (intello, habits n’appartenant aux codes identifiés…) orientation sexuelle réelle ou supposée, réputation (tout particulièrement pour les filles), origines… sont autant de points de départ d’attaques répétées : sous forme de violences physiques, verbales, d’actes malveillants, de diffusion d’images et de commentaires moqueurs ou injurieux, de diffusion d’images privées dans la sphère publique, des actes qui ont des répercussions dramatiques sur ceux qui en sont victimes : isolement, manque de confiance en soi, peurs, somatisations, suicide…

Les violences physiques accompagnent régulièrement les phénomènes de harcèlement ; parfois filmées, pour ridiculiser encore plus la victime à qui on n’a pas laissé la moindre chance de se défendre, les images sont diffusées sur les réseaux sociaux et nourrissent commentaires et insultes.

Le cybersexisme est la vitrine du sexisme sur les réseaux sociaux et est surtout subi par les filles : les garçons tenus par une compétition absurde d’injonction à la virilité se doivent de multiplier les photos dénudées, les conquêtes. Ils doivent prouver qu’ils ne sont plus puceaux et surtout pas homos. Le garçon qui refuse de participer est rejeté, traité de « PD». Les filles ont intériorisé ces inégalités, elles peuvent accepter les demandes des garçons et se retrouvent rapidement avec des réputations de « salope « de « pute », réputations qui peuvent tout aussi bien naitre de vagues rumeurs.

De nombreux courts-métrages abordent ces questions : le récit filmé permet une distanciation qui peut permettre aux élèves de commenter plus librement. Il est important que chacun puisse s’exprimer.

Dans ces films, et notamment ceux écrits et réalisés par des élèves, plusieurs constantes :

            l’absence des adultes : l’ado harcelé garde tout pour lui, il ne « rapporte » pas aux enseignants ou aux CPE, il ne dit rien à ses parents : il est seul

            la tragédie : la majorité des histoires finit mal. Les adolescents ont bien conscience qu’une pression aussi forte peut avoir des conséquences tragiques, les suicides d’adolescents suite au cyberharcèlement sont bien réels.

            Celui qui se tait est complice.

Vous trouverez ci-dessous des éléments pour préparer une animation en classe autour de ce thème ainsi que des propositions d’analyse de films.

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