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Mixité, Jeux/Jouets
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École
ESPACE est un film réalisé par Eléonor Gilbert en 2014.
Il est produit par Les Films-cabanes
S’interroger sur l’occupation de la cour de récréation selon les sexes ; sur quelles croyances et stéréotypes cette répartition se base-t-elle ? en quoi participe-t-elle à une relation inégalitaire filles/garçons et à la formation d’une identité de genre ?
Montrer l’extrait aux élèves puis leur poser des questions générales comme celles proposées dans l' ANALYSE.
Vous pouvez aussi lancer la discussion directement après le visionnement, en laissant s’exprimer les élèves , l’utilisation d’un « bâton de parole » peut s’avérer utile.
Dans la partie PROLONGEMENTS vous trouverez d'autres propositions pédagogiques ainsi que des ressources documentaires qui pourront nourrir votre argumentaire.
Note : cet extrait n'est pas accompagné d'annotations; elles sont toutefois possibles après création de votre espace personnel.
Extrait de : Filles et garçons à l’heure de la récréation : la cour de récréation, lieu de construction des identifications sexuées, Sophie RUEL
http://www.aussi.ch/documents/278/ruel.pdf
"Les filles utilisent les marges et les recoins de la cour pour jouer calmement ou se replient sur les bancs pour discuter. S’appropriant un usage limité de l’espace, elles sont situées le plus souvent à la périphérie de la cour et se réunissent en couples ou en trios.
Demeurant donc sur une petite portion de la cour, elles adoptent des comportements statiques. Elles bougent peu et se déplacent moins que ne le font leurs pairs masculins, l’esprit de dynamisme et de mobilité n’étant pas encouragé dans les jeux de marelle ou de corde à sauter.
Les garçons occupent majoritairement l’espace et particulièrement le centre de la cour. Ils étendent leurs jeux à la totalité de l’espace disponible. S’appropriant un usage non circonscrit de l’espace, les garçons investissent et sillonnent en tout sens la cour.
De plus, les garçons se distinguent des filles par leur mobilité. Lors de leurs déplacements, ils marchent à grands pas, courent à grandes enjambées au sein de la cour, explorent les espaces en se courant après, en grimpant, en criant. Ils bougent, remuent, se bousculent et fonctionnent en groupes plus larges, souvent mobilises autour d’objets attractifs, comme les ballons.
A l’inverse des filles qui privilégient les jeux institués avec des règles préétablies auxquelles elles se conforment, les garçons ont un penchant au désordre au sein de leurs jeux. Leurs activités ludiques sont le plus souvent désorganisées, peu règlementées, à faible dominance langagière (avec absence de chants) et s’organisent autour de la présence d’un guide (leader).
Par conséquent, les garçons sont plus instables que les filles. Ils s’adonnent la plupart du temps à des jeux actifs, vigoureux impliquant l’agilité, l’habileté, la compétition physique. En effet, les garçons se consacrent principalement à des jeux liés au mouvement, à la compétition, à la bagarre, au combat.
L’occupation spatiale de la cour participe à l’élaboration d’une identité de groupe. En même temps qu’ils s’approprient collectivement les lieux, les enfants acquièrent la conscience d’appartenir à un groupe : ils sont filles ou garçons.De ce fait, l’appropriation par des filles de l’espace des garçons est source de conflit. Au-delà de la violation territoriale, c’est l’identité masculine collective qui est offensée."
AGENCE DU COURT-MÉTRAGE, Programme en ligne "Kinétoskope" .Coordinatrice des actions éducatives : Cécile Horreau : c.horreau@agencecm.com http://www.lekinetoscope.fr/tous-les-courts-metrages/espace
http://www.lekinetoscope.fr/sites/default/files/court-metrage/pdf/06espace.pdf
Ici plus qu'une analyse nous vous proposons une série de questions pour guider une discussion en classe; elles seront toutes ou partie utilisées selon le temps consacré à l'activité et le niveau de la classe.
Que dit la petite fille à propos de la cour de récréation?
Les garçons occupent beaucoup d'espace: le centre de la cour avec le terrain de foot et souvent au delà (ils dépassent).
Sous le préau, ce sont les grands qui leur interdisent de jouer.
Qu’est-ce qui ne lui convient pas ?
Les garçons interdisent aux filles de jouer au foot, ou au ballon.
Les filles n'ont presque pas de place pour jouer.
Des filles interdisent aux garçons de prendre des cordes à sauter dans le sac de jeux car "c'est que pour les filles".
Qu’aimerait-elle ?
Elle aimerait que chacun, chacune, puisse jouer comme il/elle l'entend: les filles au foot si elles ont envie, les garçons à la corde à sauter s'ils ont envie et réciproquement. Et aussi qu'ils/elles puissent jouer ensemble.
Elle aimerait que les garçons l'écoutent quand elle dit qu'elle n'a pas assez de place pour jouer.
Elle aimerait qu'il y ait une répartition plus équitable de l'espace dans la cour de récréation.
Qu'est-ce qui est injuste?
Ce qui est injuste c'est que les garçons édictent des règles qui les avantagent et que les filles n'aient droit qu'à la périphérie alors que les garçons occupent le centre de l'espace.
Ce n'est pas parce que ce sont des filles qu'elles ont moins besoin d'espace pour jouer.
Observez-vous les mêmes comportements dans votre école pendant les récréations ?
Dans votre cour de récréation, quels sont:
Préciser si c'est un jeu de mouvement, de déplacement ou qui se joue sur place.
Préciser à quel endroit de la cour il se joue.
Qui édicte les règles d'utilisation de la cour?
Tout le monde a-t-il le droit de jouer à tous les jeux?
Qu'est-ce qu'un "jeu de garçon" ? Pourquoi?
Qu'est-ce qu'un "jeu de fille" ? Pourquoi ?
Les filles ont-elles le droit de jouer à un jeu considéré comme un "jeu de garçon" ?
Les garçons ont-ils le droit de jouer à un jeu considéré comme un "jeu de fille"?
Que se passe-t-il dans votre cour si les filles veulent jouer à un jeu considéré comme "jeu de garçon", et inversement ?
Que se passe-t-il si les filles viennent sur le terrain des garçons pour jouer à leurs propres jeux ? Et l’inverse ?
Qu’est-ce qui empêche les filles et les garçons de jouer ensemble ?
Qu’est-ce qui aiderait les garçons et les filles à jouer ensemble ?
A partir de ces différentes observations sur l'utilisation de la cour de récréation, pouvez-vous déterminer quels sont les soi-disant aptitudes/qualités/besoins, etc... des garçons et des filles?
Pensez-vous que cela peut avoir un rôle déterminant dans leur future vie de femme et d'homme, dans le domaine professionnel par exemple?
Dessiner, chacun à sa façon, l’espace de la cour de récréation et la façon dont il est occupé par les filles et les garçons.
Créer un "mode d’emploi de la cour de récréation égalitaire".
Pour les plus grands : Jeux de filles, jeux de garçon :
- établir une liste de jeux que les élèves considèrent comme jeux de garçons et jeux de filles (récréation ou jeux à la maison).
- partager la classe en deux , une moitié défend et justifie la sélection, l’autre doit montrer que les raisons avancées ne sont pas valides.
- questionner chaque affirmation en montrant qu’elle repose généralement sur une croyance et non sur des faits (ex : les garçons ont plus besoin de bouger, les garçons sont plus turbulents, les filles aiment les jeux calmes, etc…).
- s'appuyer sur des exemples pris dans le sport, entre autres.
https://egalite.ch/wp-content/uploads/2019/02/2019_Brochure_Cyle1.pdf
Une vidéo de la série Chouette pas Chouette (CP)
La cour de récré
https://www.youtube.com/watch?v=qbBRrKaYFKQ
La Cour de récréation(5'48)
C'est avec une classe de 5e du collège Edouard Vaillant (Bordeaux) que la géographe Edith Maruéjouls et leur enseignante de français ont fait travailler les élèves sur l'espace de leur cour de récréation; le positionnement des filles et des garçons dans la cour est-il de l'ordre du "hasard"?
Comment la socialisation des filles et des garçons influe sur la façon dont elles/ils occupent l'espace? et sur la manière dont les femmes et les hommes qu'elles/ils deviendront occuperont l'espace à leur tour?
http://www.matilda.education/app/course/view.php?id=218
"Dans toutes les observations que j'ai pu faire, je remarque que l'espace central de la cour de récréation est non mixte. Il va être occupé bien souvent par un terrain de football. Quand le terrain est dessiné au sol, c'est radical : légitimement, c'est là où l'on fait du foot. A partir du moment où vous légitimez une pratique, vous allez prescrire un usage et vous allez proscrire tous les autres. Autour de ce terrain, on observe des petits groupes de filles qui jouent par deux, trois.
J'ai observé dans la cour de récréation une problématique de répartition de l'espace. Non seulement il y a une non-mixité sur le terrain de football central, mais il prend parfois 80% de la surface de la cour de récréation et fait jouer 30 enfants sur 200.
L'idée n'était pas de dire « il faut que les petites filles fassent du foot ». Mais le problème c'est que certaines me disent « non, je n'ai pas le droit » d'en faire... Il y a des « je n'ai pas le droit » ou des « je crois que je n'ai pas le droit ». Qu'est-ce qui fait le droit?C'est fondamental dans les discussions. La question se pose aussi pour les femmes dans l'espace public. Est-ce qu'il y a un règlement dans la cour de récré ? Est-ce qu'il y a une règle particulière ? Non, on a le droit de jouer à ce qu'on a envie de jouer."
Extrait:
"Il faut lutter contre les stéréotypes sexués et interroger ce dont on se moque. On voit apparaître dans ces moqueries la hiérarchie des valeurs entre les pratiques dites « de filles » et les pratiques dites « de garçon ». C’est un travail de pédagogie, qui doit être fait en classe avec les enseignant(e)s, notamment sous la forme de discussions ouvertes.
« A-t-on le droit de jouer à ce à quoi on veut jouer ? Y a-t-il des jeux “de filles” et de “garçons” ? Qu’est-ce que ça veut dire, “s’amuser” ? » Il faut aussi soutenir son enfant dans ses choix. Lui expliquer que ce qui est important dans le jeu, c’est de se faire plaisir et de partager."
Extrait
- Quelles peuvent être les conséquences d’une telle organisation de l’espace ?
- Les cours de récréation sont aménagées de façon à ce que les filles — et les enfants non « conformes », par exemple ceux en surpoids —, ne se sentent pas légitimes à occuper l’espace. Ce qui, dès l’enfance, remet en cause une égalité de droit, celle entre les femmes et les hommes.
Sous couvert de cela se noue la question des garçons qui ne jouent pas au foot, et que l’on va traiter de filles. Le sexisme est lié à l’homophobie. On se fait traiter d’homosexuel ou on se fait traiter de fille. C’est le même processus : celui qui fait la part belle à la domination et à l’hétéro-normativité, un processus d’infériorisation qui est lié au fait d’être perméable au monde des filles.
Le podcast «Post-Scriptum», l'univers impitoyable des cours de récréation
http://www.slate.fr/story/204647/post-scriptum-podcast-explore-univers-sexiste-cours-recreation-ecole
(le podcast est dans le corps du texte)
(pour faire un lien avec les tâches considérées comme plutôt réservées aux femmes ou aux hommes)
Le manuel qui dézingue les stéréotypes, Nathalie Anton, 2021
"Comment transmettre des valeurs d'égalité à ses enfants ? L'égalité des sexes n'est pas une égalité acquise, on le voit à travers les débats qui traversent actuellement notre société, avec une acuité plus forte depuis le mouvement #metoo. Peut-être parce que la question de l'égalité n'a pas été pensée en termes d'éducation. Comment lorsque l'on est parent, papa ou maman, transmettre à ses enfants, filles ou garçons, les valeurs de l'égalité des sexes et mettre en oeuvre une éducation réellement paritaire ? Comment répondre à leurs questions sur le féminisme, les clichés sexistes auxquels ils sont confrontés, et avec quels mots ? Comment leur donner les bons repères ? Comment faire pour que ni les filles ni les garçons ne pâtissent de leur genre et deviennent des femmes et des hommes libres et épanouis ?"
Filles, garçons. Pour une éducation non genrée et sans clichés, Soline Bourdeverre-Veyssière, 2021
Éduquer de la même manière les enfants, qu’ils soient de sexe masculin et féminin est l’une des préoccupations majeures de notre société. On le sait, les inégalités entre les filles et les garçons s'installent dès le plus jeune âge. Cet ouvrage s’inscrit dans une volonté d’ouverture et de respect des sexes (et des genres) en ouvrant la réflexion et le champ des possibles sur le respect et l’égalité entre ceux-ci. Une société égalitaire dans laquelle le respect règne en maître est, de fait, une société moins violente.
Education non sexiste. Stop aux stéréotypes de genre ! Juiette Noblot, 2020
On a tous envie que nos enfants, fille ou garçon, vivent égaux et puissent se construire sans stéréotypes. Pourtant ce n’est pas si simple car en dehors de la maison la société est loin d’être égalitaire. L’auteur décrypte les stéréotypes et donne des conseils pratiques pour encourager ses enfants quel que soit leur genre.
Tu seras un homme -féministe - mon fils ! Aurélia Blanc, 2018
Manuel d'éducation antisexiste pour les garçons libres et heureux
Depuis plusieurs décennies, nous réfl échissons au sens de la féminité, à l’éducation de nos filles que nous voulons fi ères et émancipées. Nous luttons à l’école, dans la rue, auprès de nos familles pour tordre le cou aux clichés et leur offrir des chances égales à celles des garçons. Mais nous continuons d’élever nos fils dans le même moule patriarcal, comme si nous pouvions déconstruire le sexisme sans nous interroger sur la masculinité ! S’appuyant sur des études scientifiques et sur les témoignages de professionnels de l’enfance, Aurélia Blanc, jeune mère et journaliste, décortique les stéréotypes et rassemble tous les outils pour aider les parents à élever leurs garçons de manière antisexiste. Elle décrit comment nos fils, enfermés dans de vieux carcans virils, souff rent d’une vision violente de la masculinité, qui les a conduit au refoulement de leur être, de leurs sentiments et de leurs vraies envies. Adopter une éducation féministe, c’est donner à nos garçons l’opportunité de développer leur singularité et de cultiver une vraie liberté !
Retrouvez tous les conseils pour :
• se déconditionner du « sexisme bienveillant » véhiculé par notre environnement et notre éducation
• démanteler les idées reçues : non, les cerveaux des garçons et des filles ne sont pas « câblés » différemment, et, non, jouer à la poupée ne « rend » pas gay !
• permettre à son garçon de vivre une masculinité apaisée : « un homme, un vrai, ça ne pleure pas » et autres injonctions viriles préconçues
• l’armer face aux pressions sociétales : « c’est un truc de fille »
• lui apprendre le respect de soi et des autres : la question du consentement, la fabrique de la sexualité.
L’éducation « non genrée » dès la crèche pour prévenir le sexisme et les violences
La cour de récréation à l’épreuve du genre au collège. Dossier : Géographie de l'école, géographie à l'école.
Le temps et l'espace de la récréation au collège sont un cadre privilégié de l'observation des rapports de genre, lesquels sont en construction chez les collégiens et les collégiennes. L'acquisition d'un capital spatial, progressive au cours des quatre années du collège, est inégale selon le genre, selon l'âge scolaire et selon les individus. Le rôle de l'institution scolaire est crucial dans la régulation des rapports sociaux de sexe et dans l'accès à chaque élève aux équipements, notamment sportifs.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/geographie-espaces-scolaires/geographie-de-l-ecole/cour-recreation-genre
Marie-Mélanie Dumas : Le combat contre les inégalités de genre commence dans le cour de l'école
À l’école élémentaire Jean Le Bail de Limoges, les élèves de cycle trois repensent l’espace de la cour de récréation. Un espace où habituellement filles et garçons ne se mélangent pas, un espace où généralement ces derniers occupent la grande majorité de l’espace, les filles se contentant de rester sur les abords. Dans cette école REP de quatorze classes, qui accueille 220 élèves, les élèves de Marie-Mélanie Dumas travaillent sur la notion d’égalité filles-garçons et sur ce qu’elle signifie concrètement dans une cour de récré. « Égalité filles-garçons », c’est le nom du projet qui a permis un partenariat solide avec l’éducatrice du quartier ainsi que le collège du REP.